SERGE AIMÉ COULIBALY ET MAGIC MALIK

La nature même de l’être humain – de l’instinct de survie à la capacité de se créer un avenir – passionne Serge Aimé Coulibaly. Wakatt en témoigne, qui interroge avec ferveur le temps présent, notre actualité. Objet des peurs d’aujourd’hui de par le monde, « le corps étranger ». Il est le sujet de cette nouvelle création.

Scintillante fresque chorégraphique et musicale mettant en scène une dizaine de danseurs, Wakatt – qui signifie « notre temps » en mooré, l’une des langues principales du Burkina Faso – fait vibrer les murs de nos représentations du monde. Une épaisse couche de cendres recouvre la scène où se tiennent debout, comme placés devant l’inconcevable, les dix interprètes ainsi que les trois musiciens du Magic Malik Orchestra. Un intense sentiment d’urgence traverse les corps et l’extrême vitalité de leurs danses. En ces temps crépusculaires, comment repenser les formes de l’engagement et renouer avec des repères plus structurants ? Inspiré par l’afro-futurisme de l’intellectuel sénégalais Felwine Sarr, économiste et écrivain, le chorégraphe mène son propos vers l’expression des émotions collectives. Comme en témoigne ses propos : « J’aime les histoires, les gens, une humanité qui s’exprime avec force […] Les personnages de Wakatt cherchent une autre façon de vivre ensemble mais ce n’est pas facile. En raison de nos peurs, nous vivons parfois davantage dans un film que dans la réalité. » D’où ce climat particulier qui nimbe le spectacle d’un sentiment de désespérance.